Du 11 Janvier 2018 au 12 Janvier 2018

Un petit peu trop d'aventure

29,5km
663,5m
400,5m

Asseyez-vous confortablement, C'est une longue journée que je vais vous raconter. A récit extraordinaire, narration extraordinaire : nous prenons le point de vue de François.

Nous sommes à 148km de Bardas Blancas, le prochain village en bonne et due forme. Nous passerons par le hameau de Ranquil Norte à 25km et aurons au moins 60km de mauvaise piste après ce dernier. Nous avons assez de vivres pour 2 jours mais espérons trouver un pick-up pour nous y emmener le plus vite possible. Un rio s'écoule au fond de la vallée, nous devrions pouvoir trouver de l'eau pour le deuxième jour.

4km après Barrancas nous traversons le rio Barrancas, rentrons dans la province de Mendoza et commençons une côte qui se finira un peu après Ranquil Norte. Mauvaise nouvelle, le rio est très boueux, nous pourrons à peine prendre assez d'eau en cas de deuxième jour dans la vallée. Comme les jours précédent, la température monte vite malgré notre départ à 8h. Il y a très peu de voitures sur la route, nous arrivons donc à 12h à Ranquil Norte par nos propres moyens. Après un passage à l'office du tourisme et un remplissage de gourdes, nous prenons notre déjeuner à l'ombre des arbres.

Aïe les taons gris de notre premier jour de pampa sont de retour, Floriane se fait piquer au doigt, j'en écrase un ou deux, elle va chercher le spray anti-insectes, puis tout s'accélère. Floriane panique et ne se sent pas bien : ses oreilles se bouchent et font mal, elle sent sa gorge gonfler. Ça ne sent pas bon du tout, je lui demande de prendre son vélo pour descendre très vite au centre de soins au milieu du village pendant que je plie bagages.

Comme au centre de soins de Chorriaca l'infirmier n'était pas dans les locaux, Floriane se dirige vers l'office de tourisme en face. Surprise, elle n'arrive plus à parler, sa bouche est trop gonflée, elle prononce un "allergie !" baveux et étouffé. La femme de l'office de tourisme comprend très vite qu'il y a un problème et court chercher l'infirmière. Celle-ci arrive très vite et emmène Floriane au centre de soins.

Pendant ce temps, j'arrive tout juste dans le centre du village. Un automobiliste m'informe que ma femme est au centre de soin. Le vélo de Floriane est devant l'office du tourisme, je dépose le mien au même endroit et cours au centre de soins.

Aparté: Floriane possède ce dont rare d'avoir des veines très fines et cachées. La plupart des infirmières n'arrivent pas à la piquer, les plus chevronnées ont besoin de plusieurs essais.

A mon arrivée l'infirmière tente en vain de la piquer avec de l'adrénaline. Floriane ne pouvant plus vraiment parler, je vais avoir besoin de faire l’interprète du peu que je comprend. Je cours donc chercher notre dictionnaire français-espagnol. Entre-temps l'infirmière a fini par la piquer sur les fesses. L'infirmière lui donne maintenant de l'oxygène, Floriane a du mal à respirer. Je vais chercher en courant nos médicaments anti-allergie, le centre de soins n'en a que des faibles. L'infirmière est ravi de reconnaître un de nos médicament et souhaite l'administrer à Floriane. Petit problème, elle ne peut rien avaler, pas même de l'eau. L'infirmière dilue le médicament et essaye de nouveau de piquer Floriane pour lui administrer en intra-veineuse. Elle n'y arrive pas, même avec une aiguille très épaisse. Elle vérifie que ses signes vitaux vont bien, tout est OK. Floriane a arrêté de gonfler, le pire à l'air derrière nous.

Sur ce l'ambulancier arrive au volant de son véhicule. On nous explique que Floriane va être emmené à l'hôpital le plus proche, à Barrancas, le village d'où nous venons. Je rentre les vélos dans le centre de soin, m'empare des papiers les plus importants avant d'embarquer avec Floriane dans l'ambulance.

20 minutes plus tard nous arrivons à l’hôpital de Barrancas. Quatre infirmières et un médecin viennent s'occuper de Floriane. Les infirmières tentent de la piquer pour lui administrer un anti-allergique ainsi que du sérum physiologique. Après l'échec d'une première, celle qui semble la plus sure d'elle s'y met. Floriane gémit, elles n'y va pas avec le dos de la cuillère. Elle finit par y arriver.

L'ambulance repart avec la première infirmière. On nous informe que nous allons devoir faire du stop pour rentrer à Ranquil Norte une fois que Floriane ira mieux, à moins que les policiers nous y conduisent.

Floriane est conduite dans une chambre pour rester en observation pendant quelques heures. Nous en profitons pour nous reposer tous deux, la pression retombe. Après la sieste, Floriane arrive de nouveau à parler de façon plus ou moins clair et à boire doucement. Nous sommes rassurés.

On nous informe que les policiers ne pourrons pas nous conduire à Ranquil Norte, le village n'est pas dans la même région. Nous devrons donc faire du stop. Après 2h30 dans l'hôpital, le docteur revient nous voir, il tire une triste mine, il devait s'attendre à ce que Floriane soit dégonflée. Nous, nous sommes heureux qu'elle ait dégonflée déjà un peu. Malgré sa déception, le médecin nous informe que nous allons être reconduit à Ranquil Norte.

Notre chauffeur n'est autre que le directeur de l'hôpital. Il nous informe également que la piste entre Ranquil Norte et le prochain village est en très mauvais état à cause des orages récents. De plus, le chemin est truffé de moustiques et de taons.

De retour au village, nous récupérons nos vélos et demandons où loger. Nous ne pouvons pas nous ravitailler ici et préférerions rejoindre le prochain village. Nous nous mettons d'accord avec notre possible logeuse : nous allons faire du stop au milieu du village pendant 2h, si nous ne trouvons pas, elle viendra nous chercher.

Il est 17h, nous voilà assis devant l'arrêt de bus à faire du stop. Je finis mon déjeuner et Floriane arrive à manger quelque chose, grande victoire. Après 1h40 de stop, nous perdons un peu espoir mais un conducteur de pick-up s'arrête. Il est d'accord pour nous emmener à Bardas Blancas, à 122km d'ici. Nous embarquons les vélos et les bagages et nous voilà partis. Très vite nous arrivons sur la section de ripio. La piste est en très mauvais état, les orages récents ont soit creusé des sillons dans la route, soit recouvert la route de coulées de boue. Au pire de la piste de grands bassins de boue recouvrent la route, les voitures en ressortent toutes repeintes. Nous sommes contents de ne pas y être en vélo.

Sur la route nous croisons un lieu que le conducteur souhaite nous montrer. Il s'agit d'un canyon étroit et profond en pierre volcanique au fond duquel coule une rio agité. C'est très impressionnant et nous sommes reconnaisants au chauffeur de nous y avoir conduit en dépit de l'heure tardive. Malgré la piste défoncée nous roulons très vite, le pick-up tout neuf amorti très bien les chocs et les vibrations. Nous allons encore plus vite une fois le goudron retrouvé.

En chemin nous apprenons que sa destination finale est Malargüe, 60km après Bardas Blancas, par conséquent il est d'accord pour nous y emmener, une aubaine pour nous. Nous arrivons à 21h30 pas loin du Camping de Malargüe. Nous remercions chaudement notre chauffeur avant de nous installer confortablement dans l'Hostel Kathmandu pour 2 nuits. Ce soir nous fêtons la survie de Floriane au resto !

Le lendemain c'est repos et récupération. Floriane n'est pas tout à fait dégonflée au reveil mais peut parler normalement. Nous profitons de la bonne connexion internet pour rattraper notre retard du carnet de route du mois de novembre. Dans l'après-midi Floriane n'est plus du tout gonflée, retour à la normale.